Pour une entrée réussie en mathématiques |
Viser la réussite de TOUS les élèves peut paraître prétentieux, voire relever de la charlatanerie.
Or, il ne s’agit ici ni de méthode miraculeuse, ni de pseudo-thérapie, …
Il s’agit d’une position morale ou éthique, très exigeante pour celui ou celle qui l’adopte.
Je pars de l’exigence morale qui me dit que TOUS les enfants jugés capables d’être scolarisés et obligés de l’être, doivent aussi être tenus capables d’assimiler ce que l’École leur impose.
Tout enfant scolarisé est donc capable d’acquérir les maths élémentaires.
Imposer à un enfant ce qu’il serait incapable d’assimiler, c’est de la maltraitance au sens le plus fort du terme.
Cette prise de position est très exigeante, car en cas d’échec temporaire,
ce n’est pas l’enfant qui est incapable d’apprendre les maths, mais c’est moi
qui ne parviens pas encore à les lui présenter d’une manière compréhensible et
acceptable pour lui.
D’enseignant-sélectionneur, je me transforme en enseignant-chercheur à la recherche du bon chemin, de la bonne méthode.
En grec ancien, méthodos vient de odós, « chemin », et de metá, « vers ». Une méthode est un chemin qui part dans une certaine direction. Ici, la route doit mener TOUS ceux et TOUTES celles qui l’empruntent vers les notions fondamentales des mathématiques, notamment de l’arithmétique.
Cette route doit être la plus sécurisée possible, dépourvue autant que se peut de pièges, et pourvue autant que se peut d’aides à la locomotion afin de ne laisser personne sur le bord du chemin. Et last but not least, elle doit être agréable à parcourir.
Cette méthode ou route ne peut
en aucun cas dégénérer en une vulgaire
grille de sélection.
Si on peut encore excuser l’échec d’un élève du secondaire en disant qu’il a mal choisi son option, cette excuse ne vaut pas au niveau fondamental où tout choix digne de ce nom est exclu.
Pour moi, je le répète, tout
enfant jugé capable d’être scolarisé et obligé de l’être, est aussi capable de
réussir son entrée en maths. Le mettre dans une situation qui le mène
nécessairement à l’échec, c’est de la maltraitance !
La profonde conviction que l’enfant
est capable malgré son éventuel échec scolaire actuel, est devenue une seconde
nature pour moi. L’enfant sent très vite si on lui fait réellement confiance.
Beaucoup d’enfants se méfient d’autant
plus des tests qu’ils leur semblent éloignés de leur problèmes concrets. Certains
testeurs présentent même leurs tests comme des jeux. L’enfant n’est pas dupe de
ces grossières tromperies.
Si l’enfant ne fait pas siens
les savoirs mathématiques élémentaires que je lui communique, c’est que je ne
les lui présente pas encore d’une manière compréhensible et acceptable pour
lui. C’est moi qui suis, temporairement,
incapable. Je dois donc me perfectionner sans cesse si je veux que TOUS mes élèves réussissent. Bref, je
dois devenir un « enseignant-chercheur », expression de Piaget
reprise récemment par Meirieu.
En 1935, Piaget écrivait déjà
: « En un mot, c'est dans et par la recherche que le métier de maître
cesse d'être un simple métier et dépasse même le niveau d'une vocation
affective pour acquérir la dignité de toute profession relevant à la fois de l'art
et de la science. »
Il n’y a rien de plus néfaste
que d’imposer une méthode aux enseignants et/ou aux élèves et de les forcer à
l’appliquer plus par crainte d’éventuelles sanctions que par conviction. Une
bonne méthode qui mène régulièrement TOUS
les élèves à la réussite s’impose d’elle-même si du moins la réussite de TOUS est visée.
Elle nous oblige cependant souvent de sortir de notre zone de confort et de nos habitudes ! Exemple : il n’est pas rare qu’un élève, habitué au pénible comptage un par un, désire ardemment profiter des formidables avantages du calcul que ma méthode lui laisse entrevoir. Cela ne signifie pas qu’il puisse abandonner facilement et sur-le-champ ses mauvaises habitudes.
La réussite pour TOUS est diamétralement opposée à la solution de facilité du nivellement par le bas.
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